Notre mission
Notre programmation initiale (2018-2022) portait sur la réadaptation des adolescentes et des jeunes femmes en difficulté. Elle ciblait uniquement les filles, parce que dans ce domaine, les connaissances spécifiques au sexe féminin étaient très lacunaires et considéraient très peu l’effet possible du genre.
Notre programmation sur la réadaptation s'est consolidée à travers nos nombreux projets de recherche, mais également à travers notre implication dans des initiatives déployées au Québec sur la jeunesse en difficulté. De nouveaux membres chercheurs se sont ajoutés à l'équipe, et la complémentarité de leurs expertises a permis de renforcer l'étendue de notre champ d'action. La portée de notre programmation scientifique s’est ainsi élargie pour y intégrer tous les sexes et genres.
La mission de notre équipe de recherche est de produire des connaissances scientifiques qui contribueront au développement d’interventions de réadaptation prometteuses pour soutenir l’adaptation psychosociale des jeunes, filles et garçons, en difficulté.
Mais, qu'est-ce que la réadaptation ?
Selon le ministère de la Santé et des Services sociaux (2013, p.9), la réadaptation renvoie à « un processus d’aide permettant à un jeune dont le développement est entravé ou compromis par de grandes difficultés d’interaction avec son milieu, de renouer avec ce milieu de manière à y puiser les ressources dont il a besoin pour poursuivre son développement, utiliser ses capacités à leur plein potentiel ». La maltraitance subie, l’exploitation sexuelle, les comportements délinquants et à risque, la consommation de substances psychoactives, de même qu’une détresse psychologique importante figurent parmi les motifs pouvant nécessiter des services de réadaptation. Selon bon nombre de chercheurs, ces problématiques sont fortement susceptibles d’altérer la qualité de l’adaptation sociale et le passage à la vie adulte.
Notre programmation scientifique se décline en 3 axes de recherche :
1
Les parcours de vie adverses, les difficultés d’adaptation et les mécanismes de changement.
2
Les expériences et les besoins en regard des interventions de réadaptation – points de vue de jeunes, de parents et d’acteurs de la pratique.
3
Les effets des interventions de réadaptation sur l’adaptation de jeunes en difficulté.
L'axe 1 vise à établir la nature et l’ampleur des conséquences des parcours de vie adverses sur le développement des jeunes en difficulté, mais surtout, de cibler des facteurs capables d’insuffler des changements positifs. Nos études ont documenté les liens entre la maltraitance à l’enfance et des difficultés d’adaptation liées à l’exploitation sexuelle (ex. : Lanctôt et Laurier, 2021) et à la consommation de substances (Couture et al., 2020). La question à approfondir est maintenant la suivante : quels sont les leviers sur lesquels intervenir pour éviter que des jeunes se retrouvent dans une trajectoire chronique de difficultés ? Des projets en cours s'y attardent.
L'axe 2 cherche, quant à lui, à donner une voix aux jeunes, à leurs parents ainsi qu'aux différents acteurs et actrices de la pratique pour comprendre, au regard des interventions de réadaptation, le sens qu’ils y accordent, le rôle qu’ils s’attribuent et les impacts qu’ils perçoivent. Nos études relèvent des émotions négatives vécues par des jeunes (ex. : sentiments d’abandon, Hébert, Lanctôt et Turcotte, 2016) et des intervenants (ex.: sentiment impuissance, Lanctôt et Turcotte, 2018). Elles relèvent aussi l’importance de comprendre comment les acteurs de la pratique conçoivent et mettent en place les interventions pour répondre aux besoins des jeunes (ex. : Collin-Vézina et al., 2019; Lafortune et al., 2020).
Finalement, l'axe 3 cherche à évaluer pour quels types de jeunes, pourquoi et comment ces interventions contribuent ou non à des effets bénéfiques sur le développement et l’adaptation sociale. Les interventions misent souvent sur l’autonomie des jeunes (ex. : l’insertion sur le marché du travail). Cette visée très « fonctionnelle » est de plus en plus contestée dans la littérature scientifique, les meilleures pratiques valorisant plutôt la sensibilité des intervenants (Costa et al., 2020) et le bien-être des jeunes (Powers et al., 2018). Il importe donc aussi d'évaluer les effets des interventions sur des dimensions subjectives comme l’image de soi, le sentiment d’efficacité et le sentiment d’avoir une emprise sur sa propre vie.